Da Dark Knight
Dolni Sucha, le 18 juin
Chère Ange,
Je vous envoie ces quelques fleurs du mal, une histoire de la tristesse sans limite, issue de cet étrange monde aux ruelles d’ombres, vomies par les méandres urbains et nauséeux...
...rappellant les autoroutes de nos actualités.
Quand il ne reste de cette vie qu’un long désespoir, qu’une souffrance statistique et continue, alors les rires sardoniques s’élèvent de toutes parts, nous lançant d’obscurs miroirs révélateurs.
Observez, avec un peu d’honnêteté, ce monde de bonté et d’amour et, si le courage vous en dit, comptez les morts. Comptez chaque année ces deux mille enfants morts de mauvais traitement, dans le seul pays de la so called démocratie réinventée, comptez ces cinq mille enfants morts chaque jour de malnutrition…comptez chaque minute cet enfant de moins de quinze ans déjà mort du sida…So it goes.
Qu’importe ces bougnouilles négroïdes, qu’ils crèvent en paix. Les faces de craie prieront leur Dieu, pour leur âme, marmonnant leurs incantations, tout en investissant, toujours d’avantage, en industries pharmaceutiques, en laboratoires d’apprenti sorcier, en nouveaux virus qu’ils éradiqueront, toujours plus chèrement, par amour du prochain.
Mais revenons à notre sombre histoire, celle d’une ultime danse autour de la seule question du sens de la vie.
Il est une vérité. Elle réside dans le grand livre de la nature, écrite dans la douleur de l’expérience raisonnée, celle-là même qui dépèce les cadavres, rejetés parmi les monceaux d’ordures, jonchant nos rues. A qui de les ramasser, à qui d’en prendre soin, à qui de rechercher le pourquoi de ces brutalités, à qui de les inviter à la lumière d’une dernière danse.
Car la justice triomphera sur terre et nulle part ailleurs. Et si un juge corrompu ferme les yeux, c’est au criminel de rendre la justice. Qu’on aie du moins la décence de ne pas le blâmer pour l’aveuglement du juge…
Bien sûr que nous sommes des criminels, nous avons toujours été des criminels, nous devons êtres des criminels !
La conscience universelle reste hors la loi des racailles qui nous gouvernent, méchante de froideur objective, désespérée dès qu’elle ne sait plus orienter le monstre qui gronde en elle.
Et quelque chose de se briser pour toujours, pour d’inimaginables raisons...
Mais que les excentriques farfelus se taisent enfin. Les gens sérieux mèneront la ronde terrestre, comme ils l’ont toujours fait…ceux qui s’intéressent à l’histoire du monde compteront les morts…
...qui vivront en eux…
...à jamais.
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La fillette mutilée et morte n’a toujours pas de nom
En août 1987, les autorités françaises ont retrouvé dans un fossé de l’autoroute A10 à Suèvres (Loir-et-Cher) le corps mutilé d’une fillette.
Dans le cadre de ce meurtre sauvage d’enfant, la gendarmerie avait enclenché la plus grande diffusion judiciaire jamais vue en France. Environ 65 000 écoles avaient été visitées à la rentrée scolaire, et 6 000 médecins ou assistantes maternelles avaient été rencontrés pour pouvoir seulement nommer la victime. Le signalement de la fillette avait également été diffusé dans plus de 30 pays. Le corps de la fillette a été enterré anonymement au cimetière de Suèvres (Loir-et-Cher) proche des lieux de la découverte du corps. L’inscription sur la tombe est évocatrice : "Ici repose un ange"
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Trente-et-un ans plus tard, l’affaire a été relancée en 2017. C’est le prélèvement d’ADN d’un des frères dans une autre affaire qui aurait permis l’identification des parents. Ces derniers ont alors été interpellés le mardi 12 juin 2018 en région parisienne. Ils ont été placés en garde à vue pour meurtre, recel de cadavres et violences habituelles sur mineur de moins de 15 ans.
http://www.linfo.re/france/faits-divers/les-parents-de-la-fillette-martyre-de-l-a10-disparue-en-1987-en-garde-a-vue
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Une première version de ce texte avait été publiée sous le titre, pas assez sombre, Da Batman...